Comment gérer la frustration du maître

Comment gérer la frustration du maître

Lundi 20 juin 2016, par Chantal

Gérer la frustration... Humaine

La frustration chez le chien est une thématique très largement traitée, que ce soit au travers de stages, dans l’accompagnement d’un éducateur ou par des articles. Ce qui est normal, étant donné que tous les chiens sont confrontés à la frustration quasiment chaque jour de leur vie.

La frustration est l’état de quelqu’un qui est empêché d’atteindre son but ou de réaliser un désir.
La frustration se manifeste donc dans les moments les plus anodins et récurrents de la vie de votre chien, comme par exemple lorsque la laisse l’empêche de sentir une odeur ou de saluer un congénère
Mais elle est également présente en éducation, lorsque nous demandons à notre chien de rester calme en attendant sa gamelle, nous exigeons de lui qu’il gère la frustration de ne pas pouvoir accéder à la nourriture immédiatement.

De plus en plus sensibilisés à cette problématique, nous tâchons de mettre nos chiens dans des conditions qui leur permettent de tolérer et gérer cette frustration, dans les entrainements comme dans la vie quotidienne.

C’est très bien de se préoccuper de cela chez notre chien, c’est même essentiel, mais il n’y a pas que sa frustration qui peut parasiter notre relation et nos entrainements, la notre aussi.

Nous rencontrons tous des difficultés avec nos chiens, quelles soient purement techniques ou relationnelles. Nous nous sommes sommes tous retrouvés à un moment de notre vie avec notre chien, les bras ballants et l’esprit vide (si ça ne vous est pas encore arrivé, ne vous en faites pas ça va venir). Et pas besoin d’aller dans le dramatique pour ça, c’est parfois une chose toute bête, comme le chien qui se paralyse complétement dès qu’on tente de lui mettre son harnais (n’est ce pas Linux ?). Il y a les grands classiques : le chien qui détruit/pleure lors de nos absences, celui qui tire en laisse, le réactif congénères. Il y a aussi les problématiques sportives : le chien qui s’excite tellement sur le terrain qu’il n’entend plus rien, celui qui décroche pour partir au taupe, celui qui loupe invariablement une porte au slalom etc.

De la situation la plus anecdotique à la plus envahissante, nous nous sommes tous retrouvés dans une situation où nous ne savions pas quoi faire dans nos interactions, parfois notre vie, avec notre chien. Nous avons tous été frustrés.
Il est important de savoir composer avec cette frustration car elle nous conduit facilement à l’erreur : sur conditionnement, mise à l’écart du chien, emportement, recours à des outils coercitifs etc.

J’ai vu des choses tristes découler de cette frustration. L’adoption d’un nouveau chien qui prendra la place de celui qui ne faisait pas l’affaire, des chiens paniqués sur des terrains de sports et des couples maitres chiens malheureux.

Mais comment faire ? Personne ne va venir nous filer un Pim’s (vous savez ceux à l’orange ?) pour nous aider à changer notre état émotionnel face à l’ampleur de la tâche.
Au fur et à mesure du temps et des différentes difficultés que j’ai rencontré avec mes chiens, j’ai mis au point mon Petit Manuel de Gestion de la Frustration à l’Usage des Humains.

1/ Toujours s’arrêter
Le plus important, le plus évident et pourtant pas si facile à respecter : toujours s’arrêter lorsqu’on sent l’agacement venir. En continuant malgré notre état émotionnel défavorable nous risquons de parasiter notre chien avec notre langage corporel, nos intonations voir les mots que nous employons. Tout ce qu’il faut pour que ça soit encore pire.

On dit souvent que lorsque nous apprenons quelque chose à notre chien, il faut arrêter sur un succès. C’est vrai si tout se déroule comme prévu, terminer sur un progrès de l’animal permet de le souligner à grands coups de récompenses et de donner par là l’envie au chien de reprendre cet exercice la prochaine fois.
Mais si vous êtes dans une impasse, vous obstiner risque de créer totalement l’inverse. Même si vous parvenez à conserver un self control du tonnerre et ne rien laisser paraître, ou presque de votre frustration, votre chien ne comprenant pas, risque lui de se frustrer également ou carrément de se retrouver dans une situation d’inconfort. L’interaction lui étant désagréable, il ne va pas la rechercher par la suite, voir même la fuir. Cercle vicieux.

2/ Toujours se demander pourquoi
Rien n’est plus frustrant que de se retrouver coincé, dans une boucle d’échecs.
La première chose à faire, avant de retenter l’expérience, est de se demander pourquoi cela n’a pas marché. Nous ne trouvons pas forcément l’explication du premier coup, mais cette réflexion permet de se fixer un objectif, un aspect à travailler, ce qui est motivant, ainsi que de chercher à mieux connaître son chien. Ce qui m’amène à la 3e bouée.

3/ Connaître son chien
Plus vous connaitrez votre chien, moins vous le mettrez en échec, moins vous rencontrerez d’obstacles et moins vous vous frustrerez.
Observez votre chien et apprenez à le connaître lui, ce qu’il est vraiment et non pas ce que vous pensez qu’il devrait être/ aimeriez qu’il soit.
Apprenez à repérer dans son attitude les prémisses du stress et de l’ennui, ce qu’il aime faire, ce qui le motive, ce qu’il fuit, ce qui l’inquiète, ce qui le déconcentre ( ça c’est pour le "travail), déterminez ce dont il a besoin pour être bien dans ses pattes et détendu (ça c’est pour la vie commune).

4/ Être bienveillant
Soyez bienveillant envers lui et vous mêmes.
Lui comme nous avons des jours avec et des jours sans, lui et non avons des prédispositions pour certains choses et pas pour d’autres.
Surtout évitez les étiquettes, pour lui comme pour vous, qui réduiront votre champs des possibilités. Il n’est pas bête, vous n’êtes pas nul(le), il n’est pas méchant et vous n’êtes pas laxiste etc.
Soyez doux avec vous mêmes, avec votre chien.

Invariablement et depuis des années, jouez à cache cache avec des peluches suffit à nous réconcilier

5/ Se créer une bulle
Lorsque la pression monte, lorsque vous êtes fatigué, lorsque vous en avez marre et que vraiment vous ne voyez pas comment faire et n’avez même pas le courage de chercher, faites vous du bien et réfugiez vous dans ce qui vous réunis. Prenez votre chien et passez avec lui un moment à faire ce que vous faites si bien tous les 2. Chez certains ça sera une balade, chez d’autres un jeu de balle, chez d’autres encore un cani cross, et pourquoi pas simplement partager un thé et des biscuits devant un film. Who cares ? Ce qui compte là maintenant, ce n’est pas que votre chien cesse d’aboyer quand on sonne à la porte, qu’il arrête de piquer vos chaussons, qu’il apprenne à s’assoir aux passages piétons ou qu’il sache faire ses zones, ce qui compte là maintenant c’est d’entretenir ce lien entre vous 2, ce lien qui vous unit et vous donne envie de passer du temps ensemble.

6/Explorer
Et si la solution était ailleurs ?
Explorer d’autres visions, tester d’autres approches, d’autres activités, permet d’observer nos problématiques sous un autre angle, d’interagir avec notre chien d’une autre manière et parfois, trouver la pièce du puzzle qui nous manquait.

7/ Prendre son temps
Le temps nous fait souvent défaut, la vie est courte, la leur encore plus mais à vouloir aller trop vite, on gâche l’instant présent.
Lâchez prise, asseyez vous dans l’herbe et regardez le s’y rouler.

Et enfin... Vous n’êtes pas un super héros, il n’est pas Lassie